L’encephalite autoimmune est une inflammation du cerveau provoquée par un emballement du système immunitaire. Elle peut débuter rapidement avec des troubles du comportement, de la mémoire ou des crises, et nécessite une prise en charge urgente. Comprendre ses mécanismes, ses signes et ses traitements aide à agir tôt et à favoriser la récupération. Voici un guide clair, fondé sur les repères cliniques utilisés par les spécialistes.
💡 À retenir
- Définition et explication de l’encephalite autoimmune
- Description des symptômes et leur impact sur la vie quotidienne
- Présentation des options de traitement et de gestion
Qu’est-ce que l’encephalite autoimmune ?
Il s’agit d’une maladie neurologique dans laquelle des anticorps ou des cellules immunitaires ciblent par erreur des structures cérébrales. Cette attaque génère une inflammation qui perturbe la communication entre neurones, d’où des troubles cognitifs, psychiatriques et neurologiques souvent mêlés. Le tableau peut évoluer sur quelques jours ou semaines et requiert une évaluation spécialisée rapide.
Sur le plan biologique, des autoanticorps reconnaissent des protéines neuronales, notamment des récepteurs synaptiques. Lorsqu’ils visent des protéines de surface, ils altèrent la transmission sans forcément détruire les neurones, ce qui explique les améliorations possibles avec les traitements. D’autres formes dites paranéoplasiques impliquent des réponses immunes plus profondes, souvent en lien avec une tumeur associée.
Définition et types
Les formes les plus rencontrées incluent des encéphalites à anticorps dirigés contre des cibles bien identifiées, et des formes paranéoplasiques liées à une tumeur occultée. Voici des exemples fréquents:
- Anti-NMDA récepteur: souvent chez l’adulte jeune, tableau psychiatrique précoce, dyskinésies, crises, dysautonomie.
- LGI1: crises focales, troubles de la mémoire, hyponatrémie; plutôt chez l’homme d’âge mûr.
- CASPR2: douleurs neuropathiques, troubles du sommeil, mouvements anormaux; parfois forme limbique.
- GABA ou AMPA récepteurs: crises d’épilepsie et troubles cognitifs marqués.
- Formes paranéoplasiques à anticorps contre des antigènes intracellulaires: évolution souvent plus sévère, à rechercher une tumeur associée.
Symptômes de l’encephalite autoimmune
Les premiers signes surprennent souvent l’entourage par leur caractère inhabituel: irritabilité, anxiété, idées délirantes, troubles du sommeil, gestes inadaptés. La mémoire récente flanche, la concentration devient difficile, l’orientation peut se troubler. Ces manifestations peuvent être prises, au départ, pour un problème purement psychiatrique.
Surviennent ensuite des symptômes neurologiques francs: crises d’épilepsie, mouvements anormaux, troubles du langage, maux de tête, fièvre. Dans certaines formes, le système autonome se dérègle avec variations de la tension, du rythme cardiaque et de la température. La vie quotidienne se grippe: arrêt de travail, difficultés scolaires, perte d’autonomie, besoin d’une surveillance continue.
Signes cliniques
- Troubles cognitifs: attention, mémoire épisodique, lenteur de pensée.
- Manifestations psychiatriques: agitation, délire, hallucinations, dépression ou anxiété aiguë.
- Neurologiques: crises, troubles du langage, mouvements involontaires, ataxie.
- Végétatifs: dysautonomie avec sueurs, instabilité tensionnelle, troubles du rythme.
Exemple concret: une étudiante jusque-là sans antécédent développe en deux semaines une anxiété inhabituelle, des propos incohérents et des troubles de mémoire. Une crise convulsive motive un passage aux urgences. Le diagnostic d’encéphalite à anticorps anti-NMDA est confirmé et un traitement immunomodulateur est initié, permettant une amélioration progressive avec rééducation.
Causes de l’encephalite autoimmune
Plusieurs mécanismes peuvent déclencher la réponse immune inappropriée. Dans les formes associées à une tumeur, des antigènes exprimés par cette tumeur miment des protéines neuronales et rendent le système immunitaire réactif contre le cerveau. Chez les femmes jeunes avec anticorps anti-NMDA, la présence d’un tératome ovarien est rapportée dans 30 à 40 % des cas selon les séries.
Un épisode infectieux peut précéder le tableau. C’est le cas après une encéphalite herpétique, où une phase auto-immune secondaire peut survenir. Parfois, aucun facteur déclenchant n’est retrouvé, malgré un bilan complet. Des prédispositions immunogénétiques sont étudiées, sans test unique de dépistage à ce jour.
Facteurs de risque
- Tératome ovarien chez la femme jeune, mais aussi autres tumeurs solides ou hématologiques.
- Antécédent récent d’infection du système nerveux, en particulier herpès.
- Terrain auto-immun personnel ou familial.
- Facteurs immunogénétiques (certains haplotypes HLA impliqués dans des sous-groupes).
Diagnostic et traitement

Le diagnostic repose d’abord sur l’analyse clinique: début subaigu de troubles mnésiques, psychiatriques et neurologiques chez un patient auparavant autonome. Le médecin écarte les causes métaboliques et toxiques, ainsi que les infections du système nerveux, tout en initiant une prise en charge de support si nécessaire. Une suspicion forte justifie d’entreprendre un traitement sans attendre tous les résultats lorsque la situation est sévère.
Les examens complémentaires confirment le syndrome inflammatoire cérébral et identifient le type d’anticorps. L’IRM cérébrale recherche des atteintes des régions limbiques. L’EEG détecte une souffrance diffuse ou des anomalies caractéristiques. L’étude du LCR (ponction lombaire) explore les marqueurs d’inflammation et permet une recherche d’anticorps plus sensible que le sang dans plusieurs formes.
Tests diagnostiques
- IRM cérébrale: normale ou avec hypersignaux temporaux, hippocampiques ou cortico-sous-corticaux.
- EEG: ralentissement diffus, ondes épileptiformes, parfois motifs évocateurs selon le type d’anticorps.
- Analyse du LCR: pléiocytose, protéines modérément élevées, synthèse intrathécale d’IgG.
- Recherche d’anticorps dans le LCR et le sérum, idéalement en techniques cell-based.
- Bilan oncologique: imagerie thoraco-abdomino-pelvienne, échographie pelvienne, PET si besoin.
Options thérapeutiques
La stratégie vise à éteindre l’inflammation, retirer un éventuel déclencheur et prévenir les complications. Le contrôle des crises, de l’agitation et des troubles végétatifs peut nécessiter des soins intensifs. Une rééducation précoce soutient la récupération cognitive et motrice.
- Immunothérapie de première ligne: corticoïdes IV à forte dose, immunoglobulines IV ou échanges plasmatiques.
- Si réponse incomplète ou forme sévère: rituximab et/ou cyclophosphamide en deuxième ligne.
- Traitements de secours dans les cas réfractaires: tocilizumab, bortezomib, selon centres spécialisés.
- Traitement de la cause: chirurgie d’un tératome ou d’une autre tumeur, puis suivi oncologique.
- Soins de support: antiépileptiques, prise en charge de la dysautonomie, prévention thrombo-embolique, rééducation.
Le pronostic s’améliore avec une prise en charge rapide et adaptée. Une large proportion de patients récupère une autonomie notable, parfois après plusieurs mois. Un risque de rechute persiste, estimé autour de 10 à 20 % selon le type d’anticorps et la qualité du contrôle initial, d’où la nécessité d’un suivi régulier et d’un plan thérapeutique personnalisé.
Prévention et conseils pratiques
La prévention primaire reste limitée. En présence d’anticorps à risque de forme paranéoplasique, un dépistage tumoral initial puis répété sur 12 à 24 mois peut être proposé selon l’avis spécialisé. Un traitement rapide d’une tumeur associée réduit le risque de persistance ou de récidive des symptômes. La prévention secondaire repose sur l’observance du traitement et le suivi neurologique programmé.
Au quotidien, des stratégies simples allègent l’impact fonctionnel. Des objectifs de rééducation concrets, fixés avec l’ergothérapeute, l’orthophoniste et le kinésithérapeute, permettent d’accélérer le retour à l’autonomie. L’entourage joue un rôle clé: sécuriser l’environnement, repérer tôt les signes d’alerte et soutenir les rendez-vous de suivi.
- Mettre en place un carnet mémoire et des rappels numériques pour les médicaments et les rendez-vous.
- Adapter le logement: protéger les bords tranchants, installer un détecteur de chute, sécuriser la salle de bain en cas de crises.
- Aménager le retour au travail ou aux études avec horaires progressifs et pauses fréquentes.
- Éviter la conduite tant que des crises ou des troubles attentionnels persistent, selon l’avis médical.
- Soigner l’hygiène de vie: sommeil régulier, hydratation, alimentation équilibrée, activité physique douce validée par l’équipe de soins.
Des signes de réactivation comme un regain d’anxiété inexplicable, des troubles de mémoire nouveaux ou des crises doivent conduire à recontacter rapidement l’équipe soignante. Un projet de soins écrit, partagé avec le patient, la famille et les professionnels de première ligne, aide à réagir vite et à maintenir les acquis obtenus après l’épisode d’encephalite autoimmune.